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EPILOGUE

En sursis...plus j'y pense et plus je crois que mon père se comportait comme quelqu'un qui a bénéficié d'un sursis. Il vivait sans vraiment chercher à se préoccuper d'un futur autre que notre bonheur.
Ce qu'il y a de plus terrible dans sa mort, c'est d'imaginer tous ces instants de bonheur qui n'auront plus lieu. Tous ces voyages, toutes ces visites que nous aurions pu faire ensemble.
Lors d'une promenade autour de la Butte aux Cailles, il m'a confié qu'il aurait aimé vivre la fin de sa vie à Paris. J'ai imaginé tous les endroits dans lesquels je l'aurai amené. Le café Beaubourg aux halles, le grand palais, le musée d'Orsay, le café de Flore à Saint-Germain...

Comme tout père, il était fier de nous. Un autre patient qui partageait sa chambre d'hopital ce lundi qui est devenu le dernier jour de sa vie, m'a dit qu'il lui avait parlé de nous. Je l'ai imaginé, les yeux brillants de fierté, décrivant nos réussites avec cette exagération naïve des parents.
Il nous a peut-être attendu, et nous ne sommes pas venus...


J'ai toujours su qu'un jour j'aurai à surmonter ces jours de souffrance où mes parents sont morts. Je crois qu'on se protège de l'amour des autres par anticipation de ce que cet amour amènera comme douleurs inévitables. J'ai vainement fui leur affection pour ne pas avoir à vivre les affres du désespoir qui m'a rongé à ce moment.




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