Comme les Moirai (le destin), elles sont à lorigine gardiennes des lois de la nature et de lordre des choses (Physique et moral), ce qui fait quelles sanctionnent tous ceux qui outrepassent leurs droits aux dépens des autres, chez les dieux comme chez les hommes.
Ce nest que plus tard quelles deviendront spécifiquement les divinités vengeresses du crime
(LAVD, 391 et Paul Mazon, HOMI III p74, N°1)
Cette évolution correspond à celle de la conscience, qui dabord interdit et prohibe, qui ensuite condamne et détruit. Elle peuvent se transformer en Euménides, divinités favorables et bienveillantes, quand la raison symbolisée par Athéna, ramène la conscience morbide apaisée à une appréciation plus mesurée des actes humains. »
Dictionnaire des Symboles. Robert Laffont/Jupiter.ISBN : 2-221-50319-8
« EUMÉNIDES
Figures légendaires, systématiquement opposées aux Erinyes :
celles-ci représentent lesprit vindicatif, le goût de la torture et le tourment, qui châtient toute violation de lordre ;
celles-là signifient lesprit de compréhension, de pardon, de dépassement, de sublimation.
Ces images opposées et corrélatives figurent les deux tendances de lâme fautive, qui hésite entre le remord et le regret.
"Les Erinyes symbolisent la coulpe refoulée devenue destructive, le tourment du remords ; les Euménides représentent cette même coulpe, mais avouée, devenue sublimement productive, le regret libérateur (DIES, 162)."
Les unes sont impitoyables, les autres bienveillantes. Dans lAntiquité même, cétaient les mêmes génies, protecteurs de lordre social, et notamment familial, vengeurs des crimes, ennemis de lanarchie, qui étaient appelés tantôt Erinyes ou Furies, quand leur colère se déchaînait, et tantôt Euménides, quand on voulait les apaiser, en implorant leur bienveillance.
Mais cette dernière attitude présupposait une conversion intérieure, qui était déjà en elle-même un retour à lordre. »
Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des Symboles. Robert Laffont/Jupiter.ISBN : 2-221-50319-8