Lécume dessinait les contours de son corps ligoté sous la clarté brumeuse du crépuscule. Je lui avais lié les poignets dans le dos, lobligeant ainsi à se cambrer sur le sable, offrant son pubis à mes regards. Je lai caressée, longuement de plus en plus cruellement, jusquà ce que la marée vienne nous recouvrir.
Jai savouré le goût salé de ses baisers, jai dévoré ses lèvres, je me suis englouti dans la plaie brûlante de son sexe offert.
Je sens encore sur ma paume le souvenir de son corps arqué sous létreinte, de ses muscles tendus, de sa peau métissée. Et je me suis abîmé dans le plus grand des orgasmes, où jexorcisais une adolescence de frustrations et de désirs...Elle était la première à sabandonner ainsi .....
Je lai aimée plus que toutes...J'avais dix-sept ans, elle était plus jeune, elle maimait, et je lai trahie...Jai fui lamour pour me laisser emporter par le Maelström du plaisir des sens...
Nous nous étions retrouvés lors dune fête que javais organisée dans la maison de mes parents en leur absence.
Elles étaient toutes là, mes amours dadolescent... Seulement elles étaient dans les bras de mes rivaux, tous vêtus pareils et ne parlant que de voile, de motos, de tennis...Une jeune fille est entrée, mini-jupe, bas noirs, T-shirt déchiré en un décolleté immense qui laissait voir sa poitrine maintenue par un soutien-gorge noir laqué... Punk avant lheure, trop maquillée, un peu ronde, et dune sensualité torride...Un brasier de vulgarité dans cette assemblée BCBG en jean et pull irlandais...Cétait elle, la jeune fille ligotée dans larène de béton sale au milieu des navires en cales sèches. Alors je lai séduite, par provocation, par dépit, mais aussi subjugué par la sexualité arrogante de cette apparition dun autre monde.
Elle avait, par je ne sais quel mystère, la clé dune villa abandonnée près de la mer...Le samedi soir, à la tombée de la nuit, je devais ly attendre, allongé sur le lit de la mansarde.
Je me souviens encore de lodeur humide de cette chambre aux papiers peints décollés, bercée par le ressac de locéan, ces longs moments dattente dans la clarté de la lune, savourant les effleurements tièdes du vent sur ma peau dans lombre bleue de ces soirs dété. Javais du mal à résister à la tentation de me caresser, dautant plus que, pour apaiser mon impatience, je feuilletais les pages moisies, dune collection de romans policiers, dont je découvrai la perversion érotique...
Parfois pour mieux me surprendre, elle coupait son vélomoteur en haut de la dune qui masquait la maison de la route, et se laissait descendre jusquau porche ... Elle apparaissait, silencieuse, dans lencadrement de la porte que je ne devais jamais fermer.
Avant de monter dans la chambre, elle sétait défaite de son imperméable bon marché, qui dissimulait ses expérimentations vestimentaires. Le plus souvent, elle portait un T-shirt noir déchiré, qui faisait aussi office de minijupe. Dès le premier instant, je voulais la toucher, pétrir ses seins, écraser ses lèvres contre les miennes...Mais cela métait interdit...Jattendais, debout devant la fenêtre aux carreaux brisés, elle me caressait doucement, la poitrine, le ventre, les épaules.. Elle menserrait étroitement, pressant ses seins contre mon dos, effleurant ma nuque de ses lèvres. Ses doigts semparaient de ma verge...
Elle me liait les poignets dans le dos. Alors commençait ce quelle appelait ses supplices chinois, qui consistaient surtout à me transformer en lobjet de sa jouissance.
À lépoque, il y avait tellement dinterdits à franchir que nous pensions vivre des moments uniques, que nous étions les seuls dans ce monde à oser vivre ces jeux du plaisir.