Un nom, la cybernétique, est donné aux théories de la communication intégrant la notion de réaction des robots à l'environnement extérieur
Dans son documentaire intitulé Les robots : sous le règne D'Héphaïstos, le réalisateur Yann Nguyen Minh, spécialiste de la science-fiction, présente le phénomène robot sous tous ses aspects : historique, mythologique, littéraire, scientifique et économique.
Scientifiques et artistes évoquent leurs recherches et leurs points de vue, illustrés d'extraits de films et de séquences tournées dans des centres de recherche ou des entreprises.
Au XVIIIe siècle, savants et artisans commencent à concevoir des machines, les « automates », capables d'accomplir mécaniquement des mouvements répétitifs ou de produire de la musique.
Ecrivains et compositeurs imaginent des créatures artificielles produites par des savants mégalomanes chagrinés par l'imperfection des humains.
Au début du XXe siècle, parallélement au développement du machinisme, l'écrivain tchèque Karel Capek dépeint des créatures plus proches de la machine que de l'humain et leur donne le nom de « robot », mot bientôt utilisé pour désigner toute machine conçue et programmée pour accomplir mécaniquement des mouvements répétitifs.
Le concept de robot continue à exciter l'imagination de nombreux créateurs et contribue au développement d'un courant culturel, la scienc-fiction, dans lequel les robots occupent une large place.
Concepteurs et scientifiques du XXe siècle poursuivent la recherche sur la reproduction mécanique du mouvement avant de s'orienter dans une nouvelle direction.
En effet, comment passer du stade de la machine à reproduire des mouvements à celui de la machine (réelle ou virtuelle, comme les robots en 3 D) capable d'adapter ses mouvements à l'environnement afin de remplir les fâches qui lui sont assignées ? Un nom, la cybernétique, est donné aux théories de la communication intégrant la notion de réaction des robots à l'environnement extérieur.
Depuis plusieurs décennies, avec l'aide de l'informatique, les centres de recherche spécialisés dans la robotique travaillent sur cette question. le Massachussefs Institute of Technology a ainsi mis au point un « robot sauteur » capable de marcher, de reconnaître des formes et d'attraper des objets. les scientifiques dotent désormais leurs machines de capteurs et de « réseaux de neurones » qui leur permettent d'interpréter l'environnement.
Dominique Duhaut, professeur à Paris VI, présente des « microrobots » virtuels, robots représentés sur un écran d'ordinateur, qui gèrent en commun leurs mouvements afin de contourner les obstacles tout aussi virtuels qu'ils rencontrent.
Aujourd'hui cependant, l'engouement initial pour les robots a lait placeà une relative déception. Les robots industriels sont coûteux, longs à concevoir, soumis aux pannes, et peu flexibles, explique Yves Lasfargue, directeur du Crefac, organisme d'études et de formation.
De grandes entreprises comme Renault ont ainsi revu leurs programmes à la baisse.
Enfin, à tort ou à raison, les robots provoquent l'angoisse des « technopathes » (les « handicapés de la technique ») et l'évolution de la technologie pose d'incontestables problèmes de société.
De nombreux scientifiques, comme Philippe Coiffet, directeur de recherche au CNRS, admettent que « la technologie n'est pas si neutre que ça ».
Pour conclure, Pierre Thuillier, philosophe et historien des sciences, nous engage à troquer le vieux « fantasme d'automatisation » né au début du siècle contre un autre mythe, moins dangereux. Alors, nous pourrons enfin apprécier cette géniale invention à sa juste valeur.
MEHDI AìSSAOUI