INDEX

MES MEILLEURES CRITIQUES OU ARTICLES
MQFT à la CSI
« TECHNIKART
N° 18 mai-juin 95

Un Asiatique breton qui se pose la question de l’art dans l’industrie et qui a trouvé la réponse grâce à la MQFT (La Machine Qui Fabrique Tout).

Vous ne pouvez pas le rater. A l’entrée de l’Exposition “ Emballage ” à la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette, on ne voit que le mur d’images géant réalisé par Yann Nguyen Minh. Cette prouesse technologique et artistique explique en quelques minutes au public les techniques de fabrication des emballages industriels. Alors, Yann, art et industrie sont-ils compatibles ? bonne question, réponse dans cette interview.

Yann Nguyen Minh, pourquoi un mur d’images ?
Dés le début, Gérard Cholot (directeur de l’agence Caravansérail,, agence d’architecture et de scénographie qui a conçu l’ensemble de la manifestation, NDLR) voulait un mur d’environ cent quarante écrans à l’entrée de l’expo. En 1982, j’avais déjà fait une installation multimédia, Média ŻŻŻ, comportant plusieurs sources en lecture pour le centre Pompidou. Pour la Villette, le problème principal était le nombre de sources vidéo, le pilotage à l’image près de ces sources, leur synchronisation et leur distribution sur les écrans du projet initial. Dès l’origine, le projet se limitait à vingt vidéo-disques en lecture. Des vidéo-disques parce qu’il n’y a pas d’usure du support pendant les neuf mois de l’expo et qu’il est possible d’affecter rapidement (moins de dix secondes) des plages spécifiques de programmes.

Quand l’art rencontre l’industrie, ça donne quoi ?
Les enjeux étaient importants et la moindre erreur d’évaluation pouvait être financièrement catastrophique. C’est un peu l’opposition qu’il peut y avoir entre ce type de projet et une production artistique pure. Je savais, par expérience, que l’univers de l’industrie est spectaculaire et aussi très proche du mien, fortement inspiré par la science-fiction. Lorsque, par exemple, je suis allé faire des repérages chez Perrier, j’ai ressenti en moi toute la puissance émotive de ces machineries gigantesques qui servent à la fabrication des fameuses bouteilles. Je suis entré dans un labyrinthe de bruit et de fureur habité par un dragon de feu et de fumée. J’aime bien quand la réalité peut rejoindre l’imaginaire, à défaut du contraire.

L’idée du mur d’images n’est pas toute neuve. Comment l’as-tu abordée pour en faire une oeuvre d’art ?

Au début, je n’étais pas très convaincu de l’efficacité du mur. Pour moi c’est un peu has been, trop connoté années 70. Mais, petit à petit, au bout au bout de ces mois de préparation, de conception, d’écriture de scénario, mon impression a changé. Dès le début du tournage, j’ai senti naître en moi cette certitude étrange que provoque en nous l’oeuvre d’art en maturation. La MQFT est plus qu’un objet de communication pédagogique, c’est une oeuvre. Comme pourrait dire Mc Luhan, il y a une adéquation totale entre le médium (le mur) et le contenu (la machinerie industrielle). Dans cette installation, le message et le médium sont en harmonie. Et c’est ça qui lui donne sa dimension artistique, son côté fantastique.

Entretiens Pascal Joseph

INDEX
Back