LE HORS-HUMAIN


Certains se sont fait appeler Johnny, Le Che, d'autres oncle Ho, Pablo de Herlanes, ou encore El Greco.
Lui se fait appeler "Le Hors Humain", et ce n'est pas sans significations.

Le Hors Humain, plus que tout autre, apparaîtra différent à chacun de ceux qui l'approcheront ; différent en fonction de celui qui l'aborde, différent en fonction du contexte de la rencontre.
On ne peut décrire le Hors Humain sans être forcément réducteur, pour comprendre vraiment qui il est, il n'y d'autre choix que de se faire soi-même une opinion.

Ces quelques lignes ne peuvent être autre chose qu'une esquisse, une impression, forcément limitée par ma subjectivité.

Il y a dans le Hors Humain, trois identités fortes.
L'artiste.
Le rebelle insoumis.
L'illuminé (dans le sens littéral).

Il faudrait un livre entier pour amorcer la description de ces trois facettes du personnage, et je suis sûr qu'il y en a d'autre. Je vais donc me limiter à l'aspect que je connais le mieux : l'Artiste.

Le Hors Humain est un des artistes les plus authentique de notre époque, un François Villon moderne à la fois par sa vie de rebelle et par ses écrits.
Sa poésie est d'une exceptionnelle qualité lyrique et révoltée.
D'une écriture simple mais aux métaphores lumineuses, elle métamorphose la pensée du lecteur en quelques vers, où les mots ont la précision d'un scalpel incisant un abcès.

Mais le Hors Humain c'est aussi ce dramaturge provocateur, qui a fait de la ville son théâtre, transformant ses habitants en interprètes involontaires de leurs propre rôles. Il n'y a pas plus grand artiste que celui qui, par son oeuvre, arrive à changer notre regard sur la vie et le monde en les révélants sous un jour nouveau. Et c'est ce que le Hors-Humain a réussi à faire pour ceux qui, dans le secret d'un bouche à oreille clandestin, ont pu, ces dernières années, assister et participer à ses incroyables interventions scéniques et poétiques dans la cité, qui feraient pâlir d'envie les plus excessifs des performers. Reléguant aux oubliettes toutes ces dérisoires caricatures de provocations que le cinéma, les arts plastiques et le théâtre nous proposent chaque année dans l'espace bien policé de leurs systèmes de diffusion commerciaux.

Bravant les règles, se mettant réellement en danger, ce lutin espiègle, cet Arsène Lupin moderne, provocateur insaisissable, a osé concrétiser le fantasme de nombreux créateurs de porter l'art dans la ville, en convoquant son public dans des espaces urbains interdits, le temps d'une performance, transformant à ces occasions les forces de l'ordre en autant de pantins, d'un théâtre grand-guignolesque dont il était le marionnettiste.

Depuis les sommets de Notre-Dame, jusque dans la boue des champs de bataille de Verdun, en passant par le Loch-Ness, l'Etna et la fosse de San Andrea, tel un Charon futuriste guidant sa barque entre les mondes, on l'a vu invoquer les vivants comme les morts, aux roulements de sa gigantesque timbale portée à dos d'homme au sommet des façades les plus abruptes.

Ou encore, bien avant qu'une princesse défunte ne donne sa célébrité à cet ouvrage d'art, on a pu le voir suspendu par les pieds aux charpentes du pont de l'Alma, et oscillant tel un pendule à fleur des carrosseries, apostropher de sa poésie extrême, le flot automobile ruisselant sous lui.