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LE HORS-HUMAIN


Hors Humain au pont de l'Alma

Jean-Edern Hallier, disait que la bourgeoisie n’aime l’artiste que mort. Car une fois mort on connaît enfin ses limites, et on est désormais certain qu’il ne pourra déranger l’ordre des choses plus qu’il ne l’a déjà fait.

Le Hors-Humain n’est pas un artiste rassurant, il donne vraiment l’impression d’être sans limites. Et cela inquiète tous les “ décideurs ”.
Mais attendrons-nous sa mort pour reconnaître enfin, qu’en ce crépuscule du deuxième millénaire, un des plus grands artistes de notre temps, une véritable légende urbaine, hante les murs de la cité ?
Mais qui sait s’il ne se débrouillerait pour revenir d’entre les morts au jour de l’an, et tel le fantôme de Quasimodo, se rappeler à nous en jouant de la timbale au tympan de Notre-Dame.

Le Hors-Humain dérange, c’est certain, car il a le charisme de tous les affranchis.
Certains voient en lui une sorte de chaman de l’ère industrielle qui, à trop voyager entre les mondes nous revient avec un trop plein de liberté.
Il n’est pas le gourou d’une secte comme certains journalistes à la recherche de sujets faciles l’ont prétendu, ni le messie satanique que dénoncent certains incultes incapables de comprendre ses métaphores ; en fait, il est pire que tout cela.
Le Hors Humain est un Diogène désabusé resurgi de la boue de nos déchets industriels, qui, ayant définitivement renoncé à chercher l’humain avec sa petite lanterne, braque sur nous ses projecteurs au xénon pour mieux nous disséquer et nous révéler à nous mêmes.

Aujourd’hui, grâce au théâtre du petit Hebertot, l’occasion nous est donnée d’assister à un spectacle du Hors-Humain dans la sérénité, le confort et la sécurité de la scène théâtrale, plutôt que dans les affres ludiques du froid, de la nuit et des poursuites policières.
Même pour ceux qui ont pu participer à ces aventures-spectacles dans les profondeurs de la cité, ce que nous présente le Hors-Humain sur scène est totalement inattendu et je dirai inespéré.
Car ce maître des no man’s land urbains, qu’on croyait destiné à oeuvrer dans la précarité de la clandestinité s’avère être aussi un maître de la scène.
Sa prestation en one man show illuminé au théâtre du petit Hebertot est d’une époustouflante densité à la fois par la qualité des textes, et celle de son jeu d’acteur (Mais joue-t-il vraiment?).
Il ne se passe pas un instant de spectacle sans que le Hors Humain ne donne cette impression fabuleuse d’être habité par ces forces cosmiques mystérieuses qui un jour pénètrent chaque acteur ou artiste, pour le porter vers ce moment sublime qu’Antonin Artaud appelait l’instant créateur.
Et vous pouvez être sûr que les énergies qui étaient présentes dans la fureur de la cité sont aussi présentes sur la scène du petit Hébertot. Mais là, le Hors-Humain est à moins de dix mètresÉ Attention... ça métamorphose.


Yann Minh.
(Réalisateur et Ecrivain)


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