Dans les rizières, il n'y avait pas d'électricité, les paysans s'éclairaient avec des lampes a pétrole.
Le soir lorsqu'on arrivait dans les villages, et comme ils étaient loin de tout, il n'y avait qu'une seule lampe allumée.
Ils nous faisaient à manger, et je les écoutais bavarder avec Grand-père jusque très tard dans la nuit.
Les enfants me montraient tout ce qu'ils faisaient, les parents aussi essayaient de m'intéresser, afin que je parle en leur faveur à grand-père.
Je ne comprenais pas à l'époque, mais avec le recule du temps je me rends compte qu'en fait je suis souvent intervenu auprès de Grand-Père.
Je lui disais:
«Tu sais! Ils sont pauvres ces gens-là!»
Grand-père me répondait:
«oh écoute! Ne te laisse pas avoir... ils cachent l'argent... ils cachent l'argent.»
Quand je voyais des gosses qui n'avaient qu'un short à se mettre et qui tremblaient de froid sous la pluie... Parce qu'il pleuvait beaucoup, j'interpellais grand-père:
«mais pourquoi ils n'habillent pas mieux leurs enfants?»
«Tu sais, ce sont des petits enfants qui sont habitués à jouer comme ça dans les rizières, à jouer comme ça dans de l'eau, ils n'ont pas besoin de s'habiller comme toi. Tu es un citadin, tu es habillé comme tu es, tu ne connais pas les moeurs et les coutumes de la campagne.»
Il a fallu deux jours, en pirogue, et porté sur le dos des coolies, pour que Grand-père me fasse faire le tour des terres... 25 OOO hectares de rizières et de plantations, ma famille était la première à avoir planté de l'Arabica au Viêt-Nam, il y avait aussi du tabac, de tout. 25 000 hectares, c'est énorme, c'est inouï, les plus grandes plantations à côté de la notre étaient celles de Michelin. Et dans une terre! Une terre tellement riche...
J'avais taillé une tige d'un fruit hexagonal qu'on appelle le carambole, enfin disons plutôt carrés, avec des arêtes, lorsqu'on les coupe ça fait une petite étoile.
Je l'ai planté dans la terre et j'ai demandé à Grand-Père de ne pas l'enlever. Je voulais voir ce qu'il allait devenir l'année suivante.
Quand je suis revenu, la tige, qui était grande comme un bâton avait presque la taille d'un arbre.
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