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1909, LE TAYLORISME
Vous n’êtes pas ici pour penser !

L’assujettissement de l’homme à la machine dans les chaînes de travail de la grande industrie va générer le fantasme d’un travailleur mécanique parfait pouvant remplacer l’homme dans les tâches les moins gratifiantes. Le taylorisme est une réponse partielle à cette recherche du travailleur parfait parce qu’automatisé.

Traditionnellement on attribue à Adam Smith l'invention du travail à la chaîne.
Or l’Arsenal" de Venise dès le XIIIème siècle construisait à la chaîne les vedettes de guerre. Ce n’est certainement pas un hasard si les sources du travail à la chaîne prennent naissance à Venise. (Cf. Gérard Verroust)

Appliquant les théories d’Adam Smith, Frederick Winslow Taylor (1856-1915) est le créateur de l’organisation scientifique du travail, (O.S.T.). Sa doctrine, exprimée dans Shop Management (1904) et dans Principles of Scientific Management (1911), a inspiré toute la gestion industrielle des Etats-Unis jusqu’à la crise de 1929. Le taylorisme est un principe simple et redoutablement cartésien : rechercher et définir les conditions les plus rationnelles de production, en supprimant individualisme et spontanéité dans l’exécution, en divisant les tâches. Taylor qui compare parfois les travailleurs à des animaux, parvient à des gains exceptionnels de productivité, au prix d'une mécanisation de l'humain : rationalisation et limitation des gestes, répétitivité. Illustré et brocardé au cinéma par Charlie Chaplin (Les Temps modernes), le taylorisme a fait son temps, mais l'organisation rationnelle du travail, la parcellisation et la répétition des tâches ont encore un bel avenir !

1921, ROSSUM UNIVERSAL ROBOTS

Karel Capek

Le terme robot, apparaît pour la première fois en 1921 dans une pièce de théâtre de l’écrivain tchécoslovaque Karel Capek, R.U.R. (Rossum Universal Robot).
Il désigne des êtres biomécaniques, créés industriellement, selon plusieurs modèles (robot-dactylo, robot-majordome, robot-ouvrier). Ce que Capek appelle des robots est aujourd’hui désigné sous le terme d’androïdes.
Ces robots vont se révolter, massacrer tous les hommes puis, ne pouvant se reproduire vont tenter à leur tour de créer des êtres humains artificiels.
Capek dans cette pièce qui fut jouée à Paris en 1927 au théâtre du Vieux Colombier (Quatre ans après sa création à Londres avec, entre autres acteurs, Basil Rathbone -inoubliable interprète de Sherlock Holmes au cinéma dans les années 30 et 40.) met en place l’essentiel la thématique fantasmatique du robot : l’esclave se révolte et détruit son maître. Le décor est désormais en place, un décor que la science-fiction contemporaine va utiliser, que ce soit au travers de l’écrit (Les Robots de Henry Kuttner, La Guerre des robots de B. R. Bruss, etc.) ou du film (Saturn 3 de Stanley Donen).
Le terme “robot” venant du mot tchèque roboti ou robota qui signifie corvée ou travail forcé.
Karel Capek est également l’auteur d’un roman de science-fiction La Guerre des salamandres.

1926, METROPOLIS
Metropolis met en scène l’un des plus célèbres, et des plus beaux robots de l’histoire du cinéma, et se trouve à la croisée de deux thématiques : la robotisation de l’être humain et l’apparition du robot humanoïde, imitation de l’homme (sans oublier la charge fantasmatique de la femme robot).
Décors imposants, mouvements de milliers de figurants réglés comme un gigantesque ballet, scénario où l’apparente critique sociale se confond avec un mysticisme sous-jacent, Métropolis prend place à la lisière de l’une des époques les plus noires de l’histoire contemporaine : le nazisme.
La ville d’En-haut dissimule dans ses sous-sols, En-bas, une population d’esclaves assujettis à des tâches répétitives, une population robotisée.
Un savant fou crée un robot maléfique et lui donne l’apparence de Maria, une pure jeune fille. Ce robot va semer la révolte chez ceux d’En-bas. Les esclaves vont détruire les machines, gripper la mécanique de la société de Métropolis.
Le dénouement désamorce le contenu social du film, le robot sera brûlé et Maria va réconcilier les contraires, expliquer que le cÏur peut réunir l’esprit et la main. Un discours consensuel que l’on peut résumer par la formule « chacun à sa place ». Une fin reniée plus tard par Fritz Lang lui-même.


© Yann Nguyen Minh, Raymond Audemard, CNAM, 1997


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