Les archétypes noosphériques de la femme guerrière et de l’homme éfféminé.
La femme guerrière est l’incarnation contemporaine d'entités noosphériques anciennes qui peuplent nos mythologies et notre histoire depuis l'aube de l'humanité : Athéna, Penthésilée, les Gorgones, les Amazones, les Erynies ou les Euménides de la mythologie grecque, Camille de la mythologie romaine, Jeanne d’Arc à la fin du moyen-âge.
Ce sont des créatures noosphériques archétypales dont les nooincarnations contemporaines les plus fascinantes de mon point de vue, sont Barbarella de Jean-Claude Forest, Ripley, jouée par Sigourney Weaver dans la série de films Alien, Vendredi de Robert Heinlein dans son roman du même nom, Buffy dans la série Buffy et les vampires de Josh Whedon, Black Mamba incarnée par Uma Thurman dans Kill Bill de Quentin Tarentino, Selene dans Underworld et l'extraordinaire gynoîde du Major Mokoto Kusanagi dans le dessin animé japonais Ghost In The Shell.
(Mokoto Kusanagi qui, dans ce chef d'oeuvre de la cyberculture cinématographique ira jusqu'à révéler explicitement sa nature androgyne.
On a souvent projeté sur cette icône de la femme guerrière, un emblème de libération de la femme, alors que de mon point de vue, c’est précisément le contraire. La femme guerrière est avant tout une projection fantasmatique masculine. Un androgyne “féminin” pourvu des attributs physiques de la séduction féminine, mais également équipé d’attributs viriles métaphoriques, et rêvée essentiellement par les hommes, et pour des hommes.
(c'est particulièrement signifiant de constater que Black Mamba cesse d'être une femme guerrière lorsqu'elle est enceinte dans Kill Bill, l'mage de la femme enceinte est incompatible avec l'image de la femme guerrière dans l'imaginaire de l'adolescent.)
Derrière l’apparence trompeuse de la femme moderne, combative et dominatrice, affranchie des entraves machistes qui la réifiait, la femme guerrière est surtout l’incarnation vue du côté masculin, de l’archétype de “l'Androgyne Initial”, qui opère la fusion alchimique du féminin et du masculin.
En mots plus simples, “La femme guerrière” de la SF, du fantastique, ou de l’Héroïc Fantasy est le rêve de complétude de l’adolescent mâle. Un alter ego féminin inaccessible qu’il aimerait être inconsciemment. Une entité androgyne dissimulée sous des traits féminins, qui possède le pouvoir de séduction qu’ont les femmes sur lui, mais sans pour autant abandonner les attributs archétypaux de la virilité, qui seront toujours présents sous une forme métaphorique magnifiée: super technicité, combativité, invulnérabilité. Et en particulier, dans ses représentations graphiques ou cinématographiques, la femme guerrière est systématiquement “équipée de métaphores phalliques : épées, couteaux, lasers, fusils, bazooka, désintégrateurs, qui viennent compenser formellement l’absence de phallus de cet “androgyne féminin.
Mais si cette proposition d’un alter ego féminin noosphérique pour adolescent mâle était pertinente, il devrait donc exister par symétrie un équivalent masculin à la femme guerrière pour les jeunes adolescentes ?
Vous l’avez deviné, l’équivalent symétrique du modèle de la “femme guerrière” est pour l’adolescente: l'homme efféminé, (visage allongé, grands yeux), un “androgyne masculin” qu'on retrouve dans les personnages d'elfes, d’extra-terrestres, de héros romantiques, et récemment dans les mangas japonais spécialisés destinés au lectorat féminin, le plus souvent dessinés par des femmes comme les Yaoï, qui mettent en scène des relations homosexuelles amoureuses, romantiques, dominatrice et sensuelles, entre hommes aux traits éfféminés.
Bien que souvent nié ou occulté par les plus de 40 ans, en 2006 l’évolution rapide des moeurs, de la sensualité et de la sexualité fait que ce genre de jeux projectifs sont de plus en plus assumés par les jeunes générations d’auteurs et de lecteurs pour lesquels ce sont devenu des évidences.
Nombre d'illustrateurs ou auteurs de fanfics exploitent ces veines noosphériques sexuelles très consciemment depuis longtemps, comme par exemple ce qu’on appelle les Slashs qui explicitent des relations homosexuelles entre des héros noosphériques célèbres comme le Capitaine Kirk et Spock, ou plus récemment comme dans les fanfictions autour de Buffy, qui mettent en scène des histoires de femmes guerrières dominatrices sexuelles..