"Le cyborg est un organisme cybernétique, hybride de machine et de vivant, créature de la réalité sociale comme personnage de roman.
La réalité sociale est le vécu des relations, notre construction politique la plus importante, une fiction qui change le monde.
Les divers mouvements féministes internationaux ont autant construit “ l’expérience des femmes ” qu’ils ont mis à découvert ou fait la découverte de cet objet collectif crucial.
Cette expérience des femmes est une fiction et un fait de la plus haute importance politique.
La libération nécessite que l’on construise la conscience de l’oppression et des possibles qui en découlent, qu’on les appréhende en imagination."
Dans son manifeste du cyborg, Donna haraway inscrit le concept de cyborg dans une perspective affranchie des déterminismes conceptuels issus de la mythologie chrétienne, en particulier de la genèse et du mythe d'Adam.
(au paradis terrestre, Adam et Eve n'ont pas besoin d'outils de machines ni de société humaine pour survivre)
"Le cyborg saute l’étape de l’unité originelle, celui de l’identification avec la nature au sens occidental du terme.
Voici sa promesse illégitime, qui pourrait nous conduire vers la subversion de sa téléologie de guerre des étoiles."
Dans le manifeste du cyborg dont le lyrisme l'apparente parfois à une forme de poésie politique et scientifique, nous sommes tous des cyborgs.
Des cyborgs à la fois humains, machines et animaux, et surtout affranchis des déterminismes culturels, sociaux, physiques liés au genre.
"La fin du XXe siècle, notre époque, ce temps mythique est arrivé et nous ne sommes que chimères, hybrides de machines et d’organismes théorisés puis fabriqués; en bref, des cyborgs. Le cyborg est notre ontologie ; il définit notre politique. "
Le cyborg, dans sa dimension "asexuée" sert de support à Donna Haraway pour proposer une remise en question des déterminismes sociaux et identitaires relatifs au genre.
Son manifeste est une des pierres angulaires de ce qu'on appelle les "Gender Studies" et du mouvement "Queer".
Donna haraway fait partie des penseurs emblématiques des gender studies qui, en s'opposant aux déterminismes culturels imposés par nos sociétés hétéronormées et androcentrées, vont proposer un renouveau féministe particulièrement offensif basé entre autre sur un non déterminisme du genre dans notre quête identitaire.
Ainsi, le cyborg, que la conquête spatiale et la cybernétique avait déjà investi de capacités physiques sur-humaine par l'hybridation homme machine, grâce à Donna Haraway, se retrouve également investi d'une flexibilité sexuelle résultant de son indéterminisme originel.
Le cyborg, selon son désir ou la nécessité, peut-être asexué, hypersexué, mâle, femelle, androgyne.
Et comme l'induit la philosophie cybernétique inventée par Norbert Wiener, nous sommes tous des cyborgs, nous sommes donc, ne serait-ce que par la volonté, affranchis des déterminismes du genre, biologique et social (entre autre).
"Je plaide pour une fiction cyborgienne qui cartographierait notre réalité corporelle et sociale, une ressource imaginaire qui permettrait d’envisager de nouveaux accouplements fertiles. "
"Maintenant, nous n’en sommes pas si sûres.
Avec les machines de la fin du XXe siècle les distinctions entre naturel et artificiel, corps et esprit, auto-développement et création externe, et tant d’autres qui permettaient d’opposer les organismes aux machines, sont devenues très vagues.
Nos machines sont étrangement vivantes, et nous, nous sommes épouvantablement inertes."
http://www.cyberfeminisme.org/txt/cyborgmanifesto.htm
http://www.stanford.edu/dept/HPS/Haraway/CyborgManifesto.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Donna_Haraway
http://www.egs.edu/faculty/donna-haraway/biography/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gender_studies
Dona Haraway est représentée sous les traits d'un cyborg refusant les civilités indiquant le genre, dans le second épisode de Ghost in The Shell de Mamoru Oshii.
2004.