« Or, la poésie comme le mythe sont inaliénables. Le plus humble des mots, la plus étroite compréhension du plus étroit des signes, est messager malgré lui dune expression qui nimbe toujours le sens propre objectif. Bien loin de nous irriter, ce luxe poétique, cette impossibilité à démythifier la conscience se présente comme la chance de lesprit, et constitue ce beau risque à courir que Socrate, en un instant décisif, oppose au néant objectif de la mort, affirmant à la fois les droits du mythe et la vocation de la subjectivité à lêtre et à la liberté qui le manifeste. Tant, il ny a dhonneur véritable, pour lhomme, que celui des poètes...
...Car la véritable liberté et la dignité de la vocation ontologique des personnes ne reposent que sur cette spontanéité spirituelle et cette expression créatrice qui constitue le champ de limaginaire. Elle est tolérance de tous les régimes de lesprit, sachant bien que le faisceau de ces régimes nest pas de trop à cet honneur poétique de lhomme qui consiste à faire échec au néant du temps et de la mort. »
Gilbert Durand : Les structures anthropologiques de limaginaire Editions Dunod. 1984. ISBN : 2-04-015678-X.