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1816, FRANKENSTEIN

Un soir d’orage de juin 1816, sur les bords du lac Léman, un singulier concours d’écriture réunit Lord Byron, le Dr Polidori, le poète Percy Bissee-Shelley, sa jeune épouse Mary et Claire la sÏur de cette dernière. Objet de cette compétition : créer le récit le plus terrifiant possible.
Sous la plume de Mary Shelley naît une effrayante histoire de recréation d’un être humain grâce au concours de l’électricité. Sous l’influence du mesmérisme, doctrine en vogue à cette époque, qui fait de l’électricité une sorte de panacée, le docteur Victor Frankenstein va se livrer à l’expérience ultime. Recréer un être humain vivant à l’aide de fragments de cadavres.
Le monstre de Frankenstein était né et avec lui le mythe de la création de la vie par la science. D’une certaine manière, la créature de Frankenstein est un robot de chair, mais elle s’inscrit dans une lignée littéraire a-scientifique qui mêle mythologie et religion.
Car si la créature se rebelle contre son créateur on doit se souvenir du sous-titre du roman : Le Prométhée moderne qui renvoie à une problématique mystique. Même si Mary Shelley était issue d’une famille plutôt libertaire, la conclusion sous-jacente de Frankenstein est que l’homme n’a pas le pouvoir de créer la vie, que ce pouvoir n’appartient qu’aux(à) dieux(Dieu).

1816, COPPELIA

La danseuse automate et l’amour.

En 1816, année de l’écriture de Frankenstein, E. T. A. Hoffman (1776-1826) publie L’homme au sable qui inspirera en 1870 le célébrissime ballet Coppélia, (musique de Léo Delibes) qui restera à l’affiche à l’Opéra Garnier sans interruption jusqu’en 1961.
L’Homme au sable conte l’amour impossible et tragique de Nathanaël pour Olympia. Tombé amoureux d’elle au cours d’une danse, il va bientôt découvrir que sa bien-aimée n’est qu’un automate que se disputent les deux hommes qui l’ont fabriquée - Coppelius, un vieil avocat, et Spallanzi, un physicien. La destruction d’Olympia plonge Nathanaël dans la folie. Le ballet reprend la thématique du conte en l’affadissant.
L’Homme au sable comme Coppélia ressortissent d’une problématique pré-robotique. Nathanaël, dans les deux cas tombe amoureux d’un automate, d’une imitation de la vie dont l’artifice tient au seul mouvement. Pour le chercheur Philippe Breton, le XVIIIe siècle (nous n’en sommes pas très loin en 1816) caractérise la vie par le mouvement. L’automate, qui imite le mouvement, imite la vie au point de tromper un homme du siècle. Le XXe siècle, siècle de l’ordinateur, a transféré la définition de l’humanité dans la pensée. Le robot ne devient dangereux que lorsque sa pensée s’affranchit du contrôle humain (R.U.R. de Karel Capek, Les Robots de Isaac Asimov).


© Yann Nguyen Minh, Raymond Audemard, CNAM, 1997


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