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A PROPOS DE SPLEEN

Vers le film Spleen Spleen (Haime) 2'40" 1990


Réalisé en 1988, SPLEEN est à l’origine du projet Haime qui verra son aboutissement en 1992.

Spleen est né d’une nuit de déprime à Paris. Aucun de mes projets n’aboutissait. J’étais sans revenus, je me débattais pour surnager dans les injustices de l’administration. Je désespérais de pouvoir produire une nouvelle création et j’envisageais déjà de tout abandonner.

Au plus profond du désespoir et de la mélancolie je me suis replongé dans “les fleurs du mal” histoire de compenser la médiocrité de mon quotidien par la démesure littéraire de Baudelaire.

En relisant Spleen j’ai été impressionné par la modernité des émotions générées par le poème. J’avais l’impression d’être ce roi d’un pays pluvieux, riche mais impuissant jeune et pourtant très vieux.

La grotesque ballade du bouffon favori me faisait penser aux présentateurs de nos chaînes de télé, qui chaque jour commentent la misère et le désespoir des peuples mourant au pied de notre balcon.

Je me suis dit qu’il serait certainement troublant de mettre sur ce poème une imagerie contemporaine. La rencontre entre une poésie du siècle dernier et le fantastique de la science-fiction amènerait sans doute le spectateur à faire ce même parallèle entre le contenu du poème et le monde dans lequel nous vivons.

J’avais de très bonnes relations avec l’équipe de production de la Maison de la culture de Saint-Étienne qui est une des trop rares institutions culturelle française équipée d’un studio vidéo performant.

Lorsque je leur ai proposé mon idée, là où un autre producteur aurait exigé un story-board détaillé, ou une description du projet, les directeurs de programme m’ont fait confiance d’un bout à l’autre et m’ont laissé l’entière autonomie de conception et de mise en oeuvre.
Ce qui m’a permis de retrouver cette sensation de liberté de création si bénéfique que j’avais rencontré aux Arts-Décos, ou à Ex nihilo pendant mes premières années d’artiste vidéo.

Volontairement je n’ai pas voulu illustrer le poème, en montrant les images de guerres, de famines, de misère, de jeux TV, ou de Sida que le poème m’évoquait. J’ai préféré juxtaposer un gothique futuriste au romantisme désespéré des mots. Un nouveau décor pour un roi, un bouffon, un savant d’un autre siècle mais qui n’appartiendraient qu’à l’imaginaire du spectateur.

Comme toujours la production s’est faite à moitié de bricolage et de haute technicité.

J’ai amené ma colle, mes peintures, mes caisses de maquettes et de décors. Nous avons fabriqué un travelling avec un moteur de mécano. Spleen a vraiment été fait avec des bouts de ficelle, au propre et au figuré.

De retour à Paris, le compositeur et accordéoniste Philippe Servain m’a fait la musique en même temps qu’il préparait celle de la Belle Histoire avec Lelouch et le futur spectacle de Philippe Léotard.

Canal Plus a diffusé Spleen, mais tard en crypté, car l’érotisme sadomasochiste évoqué par mes images aurait dérangé ce fameux “Grand public”.

Les réticences des diffuseurs culturels comme télévisuels à diffuser Spleen, m’ont conforté, par réaction, dans le désir d’exprimer avec plus de conviction encore mon imaginaire érotique.

En 1991, Dominique Rouvier le directeur de production de la MCC, conforté par la qualité de Spleen, et connaissant ma passion pour le sujet, me propose de réaliser une émission consacrée à l’érotisme.

Non pas une émission érotique, mais une émission qui parle de l’érotisme.
C’est ainsi que nous avons commencé et abouti la première version de 27 minutes de “HAIME”.

Haime étant un jeu de mot entre les verbes aimer et haïr.
Ce film a nécessité une année entière de travail à plein temps pour moi et pour l’équipe de la MCC.

Il a été entièrement réalisé en numérique, et, comme Spleen, tourné en incrustation dans des maquettes, mais cette fois-ci nous avions un vrai travelling au lieu de mon chariot de vélo tracté par un moteur de meccano.

En 1996, las d’attendre une décision des chaînes de télévision pour produire le magazine, j’ai décidé de remonter le Pilote de 27 minutes en une oeuvre de vidéo création.

Le remontage s’est fait, un soir de Juin 96 au studio RIFF avec Pierre Ménétrier du groupe V-FORM.


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